Le rogue est un récipient fait d'une
corne dans lequel on boit et qui est largement répandue à travers
le monde dans différentes cultures.
Quand on étudie l'origine des cosaques, une peuplade revient souvent en considération : les Varègues, peuplades de Scandinavie (c'est à
dire aux "vikings" en provenance des royaumes scandinaves dont certaines peuplades comme les "Rus"seront les fondateurs des premiers villes qui deviendront les
bases de la future Russie). A ce titre, de nombreux éléments culturels varègues mêmes font à présent partie de la culture cosaque, le Rog (ou rogue en français) en est un parfait exemple!
Cependant, l'origine de cette
corne à boire dans la culture cosaque est assez contestée par les spécialistes : certains l'attribuent aux varègues comme expliqué ci dessus, tandis que d'autres l'attribuent aux
scythes, peuplades nomades des steppes. En effet, ces deux
civilisations faisaient usage des cornes à boire dans leur culture
et les deux ont profondément marquées les régions qui virent
naitre bien plus tard la culture cosaque...
Pour les cosaques, cette corne à boire
était traditionnellement utilisée pour les grandes occasions comme
les fêtes, les mariages, les cérémonies religieuses ou autres.
Cette coutume commença à se perdre lorsque la religion orthodoxe
devient omniprésente chez les cosaques car l'église considérait
cette coutume et l'usage de la corne à boire comme des restes de la
culture païenne et était inappropriée à des
"chevaliers orthodoxes". Plus tard, les 75 années de
bolchévisme interdisant ne nombreuses pratiques dans des cultures diverses, la perte de l'usage traditionnel du rogue pour
boire. De nos jours, l'usage du rogue est donc devenu rare mais pas
complètement oubliés par les plus traditionalistes et fidèles à
la culture cosaque d'entre nous!
Le rogue était "taillé"
dans une belle corne assez grosse et profonde (environ 30 à 50cl en
moyenne) sur lequel est ajusté des pièces en métal finement
ciselées et sertie dans la corne elle même. Tout type de corne
étaient utilisées dont principalement celles des bovidés, bœufs
ou buffles.
Vue de la "bouche" du rogue
Sur la corne, on retrouve le plus
souvent des ciselures de feuilles de métal (le métal utilisé
varie, mais la plus part du temps il s'agit d'un alliage de cuivre et
de zinc, le laiton, voir d'argent). Les motifs les plus fréquents dans la culture
cosaque sont des ornements floraux, des représentations de gibiers
d'eau (cygne, canard, oie...) ou d'oiseaux coureurs (faisans...),
éléments omniprésents dans les zones d'habitation des groupements
cosaques d'antan, c'est à dire autour des grands fleuves et des
zones marécageuses dénommés autrefois "champs sauvages".
Le rogue est composé en général de 3
parties (+ 1 plus rare):
-le fût de la corne
-la pointe de corne qui est
généralement recouverte d'un ouvrage en métal ciselé et sertie
-La partie de bouche qui est également
recouverte d'une ciselure.
-parfois une chainette qui est plus
rare par contre et qui permettait de l'attacher au sac ou à la
ceinture.
Ciselure traditionnelle cosaque
représentant de la végétation.
Tête d'un faisan, gibier courant en terres cosaques...
Avant même la
large diffusion de la vodka (водка : "petite eau" /
alcool traditionnel russe) au 18ième siècle, la boisson
traditionnelle cosaque (et russe également) était l'hydromel,
nommée "Medovoukha" (Медовуха
en russe) et le Kvas (bière de pain de seigle) qui est d'ailleurs la véritable boisson nationale russe.
Le Medovoukha est une boisson
alcoolisée à base d'eau, de miel et de ferments (levures).
Aujourd'hui encore, le Medovoukha fait partie des boissons
traditionnelles de la gastronomie russe, bien que plus rare sur les
tables car très largement remplacée par la vodka plus rapide à
produire et moins difficile.
Le terme russe de Medovoukha trouverait son origine du mot
indo-européen (probablement scythe) "meddhe" qui veut dire
miel. Les cosaques d'ailleurs, étaient des grands amateurs de miel
(tradition venue des Bashkirs peuplant en nombre leurs rangs) et en produisait dès le 18ième siècle dans leurs fermettes dans la région du Don notamment!
Notons également que les cosaques du Don produisaient du vin et possédaient un vignoble de renom.
Les cosaques, buveurs invétérés?
Une idée reçue sur les cosaques est leur soif impondérée d'alcool En effet, les cosaques ont tous une réputation de gros buveurs. Pourtant, ce n'était pas le cas. Ce sont les cosaques zaporogues(bons vivants...) ainsi que les cosaques du Don (majoritairement issue de serfs russes) qui ont colporté cette image en Occident, notamment avec l'arrivée de l'armée russe sur Paris en 1814. L'alcool étant formellement interdit en service, les resquilleurs allaient dans les bars parisiennes en demandant vite fait bien fait un petit coup à boire, ce qui donnera naissance à l'expression "Bistro parisien", le terme de Bistro dérivant de "bristra"!", soit "vite!" en Russe..Les livres populaires de Tolstoï ou de Gogol contribuèrent également à donner aux cosaques cette réputation d'ivrogne...
En contre exemple, les cosaques de l'Oural sont réputés pour ne pas boire du tout (pour des raisons religieuses, venant des vieux croyants), et ceux d'Orenbourg pour limiter la consommation d'alcool à des produits ayant moins de 3% en volume pour "garder un état d'esprit vigilant"... Au sein de mon peuple, des Bashkirs cosaquisé, les seuls alcools qu'il y avait, étaient le Koumys (lait de jument fermenté, très peu alcoolisé) et une sorte d'hydromel, parfois mélangé au koumys. De par leur religion mahométane, les Bashkirs ne buvaient que très peu et uniquement des alcools peu forts.