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lundi 31 décembre 2007

Les Ichmoukametoff, une famille de Bashkir chez les Cosaques



J'ai la chance d'être né au carrefour de plusieurs cultures. Que ce soit du côté paternel originaire de Hongrie (une famille de Magyars descendants Hunniques), ou du côté maternel originaire de Russie, tous venaient d'une culture différente. Mais celle qui m'a le plus marquée et imprégnée, qui me faisait rêver, c'était ma culture d'origine maternelle, celle des Cosaques et de mes ancêtres semi-nomades Bashkirs. 

La culture cosaque est une culture profonde au combien riche, vraiment proche de la nature (en partie dû à l'héritage des peuples nomades l'ayant composé, comme l'a fait ma famille bashkir), et aux multiples facettes, mais méconnue. J'ai donc eu à cœur ces quelques dix dernières années d'aller à la rencontre des Anciens de mon peuple, d'apprendre avec eux, et de rassembler ce savoir de vile savoir traditionnel tant en matière de vie sauvage qu'en art martial pour le préserver et le transmettre à nos nouvelles générations, en fervent représentant du peuple cosaque.  A présent, je suis officiellement, je suis la 7eme génération de cosaque dans la famille Ichmoukametoff...Voici notre histoire:

Ишмухаметов

Ishmukhametov

Ichmoukametoff

Autrefois, il y a plus de 350 ans, ma famille descendait des ISHMUKHAMET, une illustre famille Bashkir (des "Batyr et Morza", autrement dit des nobles "chevaliers" Bashkirs) et régnait sur une grande partie de la zone ouralienne à l'Ouest jusqu'au plaine du Kazakshan au Sud et à la porte de la sibérie à l'Est à partir d'un fief nommé également suyundyukovo, puis Ishmukhametovo situé dan L'Oural à la porte du Kazakhstan non loin d'Orenburg. Ils appartenait alors à la tribu des Bashkirs des steppes TUNGAUR du clan SUYUN, qui vouaient une partie de leur existence à l’élevage des troupeaux (Chevaux, chameaux, chèvres, moutons...) et à la protection d'un tronçon commerciale remontant de la route de la soie.

Une fois russifié (certainement au cours du 19eme siècle), le nom de ma famille devint Ishmukhametov, et leur ville prit le nom de Ishmukhametova (nouvelle ville fondée fin 19e siècle, à 50km de l'ancien village) durant la période soviétique. Cette ville actuellement en république de Bashkirie existe encore de nos jours.




Cavaliers Bashkirs (gravure du 19ieme siècle à titre d'illustration, n'ayant point d'image de cette époque...). Le premier bashkir a être devenu cosaque de ma famille se nommait Bulyak Ishmukhametov.  C'était l'arrière grand père de mon propre arrière grand Père Artem. Il était membre du régiment bashkir que ma famille gérait. Sur volonté politique, l'Empereur souhaitait supprimer l'autonomie de ces régiments indigènes et les regroupa dans les régiments cosaques de la région. Né dans la région de l'Oural Occidentale à Suyundukovo (village bashkir) et au commandement de son régiment de Bashkirs, il fut alors par Oukaz impérial du 08 aout 1812, nommé au rang d'Officier de l'Armée impériale de Russie et son régiment devint un régiment de Cosaques: http://www.gasrb.ru/barchd979.html En échange du rang d'officier chez les cosaques dans l'Armée, il cédait son rang de noblesse. Donner un rang d'officier au sein de l'armée impériale russe était une habile manière de la Russie impériale de se rattacher fidèlement les communautés nomades...Avant cela, les Bashkirs formaient depuis 200 ans des régiments spéciaux à part, que chaque noble du peuple avaient pour devoir de fournir à la couronne impériale.C'est ainsi que ma famille ont rejoins les rangs des Cosaques!


En ethnologie russe, il existait deux grands groupes ethniques de nomades: Les Tatars et les Kirghizs. Les russes mettaient dans ces "paniers" un peu tout ce qui montait à cheval et était turco-mongol... Dans les grands groupes des Tatars, se trouvaient les Bashkirs. Ci dessous, un PDF regroupant l'intégralité des familles "tatars" (sous entendu ce "grand panier") dont ma famille les Ishmukhametov (Ишмухаметов) page 258:http://www.cossackdom.com/book/nazarov_uralkazak.pdf
Il y avait des cosaques de la famille  Ishmukhametov partout en Russie, de l'Oural jusqu'en Yakoutie (le frère de mon arrière grand père y fut envoyé dans un corps de policier cosaque...)


Artem A. Ichmoukametoff dans les années 1905 en Russie, en tenue de ville. Mon arrière grand père en ces temps là servait comme officier au 2ième cosaque d'Orenburg. Artem est né le 1er septembre 1880 à Orenburg d'un Père officier cosaque, 4eme cosaque de la famille. Il est décédé en 1946 en Normandie en France. Dans ma famille, les gens ont au moins 3 prénoms : le Tatar/bashkir (langue très proche), le russe, et le francisé! Ainsi, mon arrière grand père s'appelait Arkhtiam en tatar/bashkir, Artem en Russe, et Arthème en français... 

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Groupe des officiers du 2eme régiment de Cosaques d'Orembourg. Mon arrière grand père se trouve à gauche.  



Sauf-conduit de mon arrière grand père Artem, venu en France après la guerre civile, en 1923. Il avait alors 43 ans... Notez l'orthographe pittoresque du prénom et du nom de famille! Ишмухаметов est devenu Ichmoukametoff...mais sur le sauf-conduit, ils ont écrit "ichinoukametoff"! Devant fuir la Russie en 1921 car recherché, il est arrivé à Bizerte en Tunisie comme simple matelot sur le torpilleur SVONKY. Il y restera quelques temps pour travailler au domaine de Toutainville afin d'acheter son billet pour la France.

A son arrivée en France,à Marseille, il obtient un sauf-conduit. Il vit quelques mois sur Nice parmi la communauté russe. Puis il part en Normandie où il est entré à la Société de métallurgie de Normandie le 22.5.23 pour en sortir le 30.4.31. Dans cette période il a travaillé 1 an et demi à partir de 1930 au Haras de Merville (14) comme palefrenier. Ce haras appartenait au baron Vladimir de Koeppen qui avait 12 employés russes en 1926. Le haras n'avait plus que 6 employés en 1931, en 1936 il avait disparu. Artem monta avec l'aide d'un français une fromagerie à Audrieu. Il perdit sa fromagerie saisi par les allemands en 1941. Il fit alors de l'élevage de porcs. Parallèlement, il travaillait à l'école des cadets russes à Versailles comme consultant militaire.



Rassemblement de famille entre cosaques. Mon arrière grand père Artem à Gauche. La dame à droite était Madame Sansonoff (Femme de cosaque du Don) et marraine de ma grand mère dans les années 1930. 


Mon arrière grand père Artem et mon arrière grand mère Isidora. Cette dernière est née en Pologne, descendante d'une famille de cosaques d'Ukraine. Mon arrière grand père l'aura rencontré lors de la "tournante" de son régiment en Pologne. Dans ses bras, Mikhaïl (Michel), le premier né de ma famille sur le territoire français.


Plus de photos et d'histoire par ICI

En d'autres termes, je suis un bashkir issue de l'école cosaque! 

Une pensée à mes Anciens, 

cosaquement, John C