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dimanche 4 décembre 2011

La Femme en Cosaquerie

ARTICLE DE L'ANCIEN BLOG en date du 04 décembre 2011



Aujourd'hui, le 04 décembre, c'est dans la tradition cosaque, la fête de la femme! Bonne fête à toutes nos KAZATCHKI!




Un dicton cosaque que m'a apprit mon frère Cosaque Sergueï A. dit : "Si les Cosaques sont le fer de la lance, leurs femmes en sont la hampe."

Ce proverbe sous entend que le cosaque est l'avant garde de toute armée lors de toute offensive (la pointe de la lance en somme qui est la première à frapper, l'élite militaire), mais que les femmes de cosaques en sont l'arrière garde, la logistique, la force cachée sur quoi repose la force militaire cosaque...

Tantôt Femmes, tantôt Mères, parfois guerrières, elles aidaient sans faillir à l'arrière, veillant à l'approvisionnement des hommes, à la fabrication de divers matériels, aux soins des blessés, et étaient quelques fois le dernier rempart des stanitsas en cas d'attaque! Nous sommes là, bien loin de l'image réductrice de la Femme, celle ci étant sur un véritable pied d'égalité avec l'homme dans la culture cosaque (rappelons que la cosaquerie fut parmi les premiers peuples à donner le droit de vote aux Femmes!)

A l'Honneur donc, quelques photos de Femmes Cosaques d'hier et d'aujourd'hui:

Helena Chorba, Femme de Cosaque, elle se porta volontaire pour combattre ce qui lui fut d'abord refusé. Puis elle a servi sous le nom Mikhail Chorba (un nom d'homme)...On lui a attribué avec les Croix de St George de 3ième et 4ième Classe et la Médaille de St George de 2ième, 3ième et 4ième Classe.



Récolte de la laine de mouton par les femmes de cosaques du village Tsymlyanskaya (cosaques du Don)en 1875-1876

Femmes cosaques de l'Amour apprenant à manier la carabine. Il était courant pour la femme cosaque de devoir faire usage de fusil, notamment pour chasser quelques petits gibiers, ou défendre la stanitsa (commune/village) durant l'absence des hommes...

 Femmes de cosaques aisés dont une Femme Cosaque , Helena Chorba (en tenue règlementaire au centre) de la Stanitsa Nekrassovskaya au Kouban. Il est arrivée à travers l'histoire cosaque, que les femmes prennent part aux combats à côté même de leurs maris...

 "Comment la femme de l'Ataman Poltenko porta secours aux cosaques blessés sur le champ de bataille". (gravure issue du "Le Petit Journal "- Supplément Illustré Numéro 1299 - 1915). Grand nombre de femmes de cosaques avaient fait des études (ce qui était rare en Russie à l'époque) et servaient en temps de guerre comme aide soignante ou infirmières.


 Yulia Tkachenko, Femme ET Ataman des cosaques de Makhra actuellement - Région d'Alexandrov


samedi 1 octobre 2011

Le chameau de Bactriane, et les cosaques

 ARTICLE DE L'ANCIEN BLOG en date du 01 octobre 2011

Animal emblématique des milieux semi-arides steppiques, le chameau de Bactriane et ses cousins ont toujours fait partie du paysage et du mode de vie de nombreuses peuplades nomades et semi nomades, y compris des cosaques, et plus particulièrement de ceux vivant dans la région de l'Oural à la porte des grandes steppes Kazakhs.  C'est en particulier l'un des animaux que je préfère avec le faucon et le cheval (bashkir oblige me direz vous...)

A l'image du renne dans le Grand Nord, le chameau est un animal à tout faire pour le nomade, de l'animal de travail à l'apport de moyens de subsistances essentielles dans un milieu rude comme l'est la steppe. En cosaquerie, sa domestication est de toute évidence dû à la forte composante ancienne de bashkirs et autres nomades (Kalmouk)  au cour de l’ethnogenèse des peuples cosaques...


Des cosaques d'Orenbourg (la ville d'origine mon arrière grand père) au travail avec des chameaux de Bactriane fin 19ième siècle. Peu connu de la masse populaire, il faut savoir que les cosaques de l'Oural et d'Orenbourg qui comptaient une grande majorité de nomades Bashkirs, tatars ou bien encore Kalmouks dans leurs rangs, faisaient grand usage de l'animal. L'animal servait notamment aux musiciens lors des sorties régimentaires pour communiquer les ordres.
 

Idéal pour la survie en milieu rude, Le chameau permet de produire:

-du lait, l'un des plus riches en vitamines qu'il soit du règne animal et très digeste pour l'humain qui plus est,
-de la laine, l'une des plus chaudes qu'il soit. On la tisse ou la file, pour faire des cordes, des tapis, des vêtements, des semelles de feutre, du feutre pour la yourte(...)
-du cuir, le cuir du chameau étant un cuir épais et résistant,
-de la viande pour nourrir la famille,
-des os pour faire des outils et objets artistiques divers,
-de la graisse (contenue dans la bosse) qui pouvait nourrir une famille tout un hiver
-de sa bouse, on fait l'argal dit aussi kiziak chez les bashkirs-cosaques (bûche de bouse séchée pour le poêle)
(...)

 Ma personne avec un  Bactriane. Au garrot, près d'1M80 : Un petit mâle. Notez la grosseur de la tête et les spécificités : narines fermantes, grands cils aux yeux, des caractéristiques faite pour survivre aux tempêtes de sable...Grosses lèvres durs, pour pouvoir manger de tout y compris les arbustes épineux...

 Ma personne remettant le licol. J'aime beaucoup le chameau de Bactriane : un animal robuste, humble, endurant...Ma famille, des Bashkirs (servant dans les Cosaques) en possédaient plusieurs dans leur cheptel. J'ai pu apprendre à les dresser et les monter avec mon grand-oncle Myrt,reparti vivre au pays en 1998 et qui finit sa vie au Kazakhstan en 2008...

Les soviétiques faisaient grand cas du chameau de Bactriane et avaient montés des patrouilles avec cet animal. Ils lui firent passer également une grande série de tests, impressionnés par ses capacités d'adaptation et de résistance. C'est ainsi qu'on a appris que le chameau de Bactriane pouvait survivre à des températures de -50° à plus de 4000m d'altitude et rester 3 semaines sans manger malgré des températures très basses.

Plus court sur pattes que le dromadaire, et plus trapu que le dromadaire africain, sa physionomie a fait qu'il supporte à la fois les fortes chaleurs et les grands froids, dont les grands écarts d'amplitudes thermiques typiques de la steppe et des déserts des plateaux d'Asie Centrale, tout en restant très longuement sans manger (d'où d'ailleurs ses deux bosses fournissant la graisse nécessaire pour l'alimenter à la fois en lipide essentiel pour lutter contre le froid, et produisant également grâce à un mécanisme complexe, de l'eau!!!).

Par ailleurs, le Bactriane et ses nombreux cousins à deux bosses peuplant toute l'Asie Centrale ont également développé des lèvres épaisses leur permettant de se nourrir des rares plantes de la steppe, très souvent très rigides ou pourvu d'épines pour se protéger des "prédateurs".

Le chameau prévient la tempête : lorsque va arriver une tempête de sable ou de neige, le chameau de Bactriane est un bon indicateur car il la sent longtemps à l'avance. Le troupeau se regroupe alors dans le coin à priori le mieux protégé (selon eux...) et se couchent alors en attendant que ça passe. Une bonne demi-heure, voir une heure plus tard, la tempête arrive à coup sûre!




Pourquoi le chameau est il toujours mélancolique? L'histoire du chameau et du Cerf

Un petit conte nomade raconte pourquoi le chameau regarde toujours l'horizon d'un air mélancolique. Il est dit que le jour de la création, le Créateur dans le Ciel avait doté le chameau de bois sur sa tête. Plaisant ainsi aux Dames chamelles, le chameau avait alors beaucoup de compagnes. Le cerf étant tout seul, demanda un jour au chameau s'il pouvait lui prêter ses bois pour lui aussi trouver une compagne. Le chameau, altruiste et plein de compassion envers le cerf, lui prêta volontiers ses bois en lui demandant de lui ramener plus tard. Le cerf partit alors au loin avec ses bois, bien fier. Le chameau le regardait. Plusieurs jours passèrent. Plus de nouvelles du cerf. Ce dernier avait décidé de garder les bois pour lui! Depuis, le chameau scrute toujours l'horizon à la recherche du cerf en espérant mélancoliquement le voir revenir un jour...

mercredi 28 septembre 2011

Abri de survie : la cape cosaque


ARTICLE DE L'ANCIEN BLOG en date du 28 septembre 2011

Dans la série des abris de fortune utilisés dans la culture cosaque "vie sauvage", je vous présente aujourd'hui un matériel qui ne date pas d'hier, et qui n'est certes pas "ultra light", mais d'une grande rusticité et polyvalence : Le ou la(1) plashch palatka.

Campement "à l'ancienne", sous plashch palatka avec matos "trad"
Plashch palatka signifie en russe "tente-manteau".

плащ (plashch) : Manteau
палатка (palatka) : Tente 

La plashch palatka est un poncho de grande dimension (2m80 à la base pour 1m70 de hauteur environ(2)), fait de coton canevas imprégné (parfois de polycoton) et équipé d'1, 2, 3 ou 5 œillets en métal, de fermoirs avec des boutons, et d'un lacet de fermeture de capuche. Le tout pèse environ 1,3KG. Sa couleur est généralement kaki ou olive. Il en existe dans d'autres coloris...
 
 Ce sont les soviétiques qui la rendirent populaires en équipant leur armée de ce poncho pour tous ses soldats de l'union soviétique (Pologne, pays baltes, Russie, Biélorussie, Tchécoslovaquie...) et qui fut un véritable outil polyvalent de survie, notamment pour tous ceux qui combattirent sur le front durant la Grande Guerre et ses rudes hivers...Abandonnés fin des années 80 pour être remplacée par sa concurrente, la plashch de forme carré, qui cohabitait avec la triangulaire depuis une cinquantaine d'année...

Plashch palatka en configuration poncho, la capuche poussée en arrière. Cette cape isole bien de la pluie qui ne traverse pas du tout même sous une pluie battante et dans la durée, ce qui est pratique, notamment à cheval.
Le montage en tente nécessite 4 éléments :

-la Plashch palatka elle même,
-un bâton (ou le sabre anciennement!) d'environ 1m à 1m20
-une cordelette d'1m
-des piquets en aluminium (au moins 5, bien que ceux ci peuvent aisément se fabriquer sur le terrain!)

Temps de montage : 3min environ pour 1 personne habitué. 5 à 6min pour les moins rapides!

Avantages : Rapide à monter. Côtés ouverts pour la surveillance. Rapide à démonter. Peut être très discret en milieu forestier. multi-usage (tente, poncho, sac...), très résistant, pas cher.

Inconvénients : Ses seuls défauts à mes yeux sont ceux de ses qualités : puisque résistante, un peu lourde (1,3KG en moyenne), elle met également du temps à sécher après les fortes pluies (bien qu'on en sente pas trop les effets en dessous).

Montage en images de la plashch palatka


Mon "ensemble" roulé que je porte en bandoulière : Ici un petit tapis, une peau de mouton, la plashch palatka.
On fixe son bâton dans le sol (bâton de marche, morceau de bois trouvé ça et là...de la hauteur d'environ 1m à 1m20). On pose ensuite le petit capuchon de la plashch sur le bâton pour la faire tenir..
Puis on fait le tour pour mettre des piquets (sardines alu, titane, improvisées en bois...au choix!).

On vient tendre une cordelette du bâton au sol devant la plashch pour avoir une demi-tente sous tension et ainsi gagner en volume! On pensera avant à bien fermer les boutons des passages des bras pour éviter l'eau de s'infiltrer s'il pleut...

Une fois le montage fini, j'ai pour habitude de monter un réflecteur pour le feu à 1M de la plashch. La plashch a son tour agit comme réflecteur et me garde bien au chaud!

Rustique? Un mot inventé par les Russes?

Un jour, un ami officier de l'Armée de Terre française me dit en souriant "Mais rustique, c'est un mot russe non?

En effet, bien des matériels développés et fabriqués en Russie correspondent bien à cette dénomination de rusticité, tant ils sont simples d'utilisation, polyvalent et surtout résistants dans le temps et à l'usage. La plashch palatka est en total adéquation avec cet adjectif,de "rustique"! Pourtant, la plashch palatka ne serait pas soviétique...mais peut être bien Cosaque, voir nomade! Son origine est assez incertaine, vous l'aurez compris...Bien que...

L'origine de la plashch palatka : une invention cosaque

Les plus chauvins d'entre nous (je parles des cosaques) prétendent que la plashch palatka est clairement inspirée(3) de la cape nommée burka (long manteau cape de mouton) et du bashlyk (capuchon à manche) que les cosaques caucasiens portent. Aucun élément concret historique ne permet cependant de valider cette hypothèse, d'autant plus que la burka et bashlyk font deux pièces, tandis que la plashch palatka n'en sont qu'une!

Par contre, une telle cape en tant que "tente-manteau" existait déjà dans l'Ost des Cosaques de l'Oural dès le 17ième siècle, comme vous pouvez le voir sur cette gravure du 19ième siècle représentant des Cosaques de l'Orenbourg. On aperçoit clairement la grande cape cavalière dite à l'époque, "cape tatare". Déjà en ces temps, cette même cape cavalière servait de couchage de survie en bivouac, de tente improvisée en camp fixe ou bien encore de poncho contre la pluie ou la neige lors des longues chevauchées...La largeur de la cape permettait entre autre de couvrir le cheval et de protéger le matériel arnaché à la selle. La plashch palatka réglementaire soviétique plus de deux cents ans plus tard tirerait bien son origine de là!


Petite anecdote : Équipé de mon kit feu , ma gourde en métal et d'un kinjal autour de la ceinture, d'une petite peau de mouton, d'un tout petit chaudron en cuivre le tout rentré dans ma plashch palatka roulée et ficelée en configuration "sac en bandoulière", ma papakha sur le tête, j'ai fait une marche éclaireur de 180km en trois jours et demi! Configuration de 6kg250 pour un matériel à tout épreuve qui ont fait leur preuve au cours du temps! Nous avons eu un temps très hétéroclite, à savoir très forte chaleur, puis orages violents et enfin pluies continues sur une journée!

Bivouac façon old school sous plashch palatka. Un confort agréable dans un esprit traditionnel proche de la nature. Le grand air, feu, le ciel au dessus de nos tête, à boire et des amis autour du feu, que demander de plus!

Une grande polyvalence

Quelque soit son origine (...ouralienne, bien évidemment Wink ), il s'avère que la plashch palatka est véritablement un outil de survie polyvalent. Ce vêtement sert aussi bien de sac à dos en bandoulière, de poncho, que demi tente pour le bivouac, de couverture, de sursac (pour protéger son SDC du feu, de la pluie par exemple), et lorsqu'on en a deux, on a la possibilité de les monter en tente à un mât (type tente nordique, à l'image du lavuu nordique, ou la tente du tabor(4)cosaque) pour y abriter deux à trois personnes (en passant, le feu ne se voit pas à l'intérieur en configuration tente à un mât, discrétion garantie!).

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Toujours avec deux plashch palatka, il est possible d'en monter une en demi-tente tandis que l'autre est montée en réflecteur pour le feu!

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A cheval, c'est idéal par mauvais temps car ça couvre une partie de la croupe, de la selle et vos jambes. C'est facile à transporter roulé en fixant la plashch palatka à la selle...

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Et avec un peu d'imagination et de technicité, on transforme rapidement sa plashch palatka en pulka ou en luge improvisée, ou en brancard d'évacuation pour blessé!

Sa résistance est à tout épreuve : traverser un mur de feu, se cacher en dessous à même le sol sous une pluie diluvienne, montée en tente sous un fort vent, passer à travers un champ de ronces...autant d'expériences engagées vécues où ma plashch palatka m'a suivit sans faillir, là où bien des poncho vynil et des tarps ultra light auraient rendu l'âme!

Son rapport poids/solidité/polyvalence/prix assez intéressante pour de l'engagé dans la Nature. Et les amoureux du "old school" et vie en pleine nature qui sont allergiques aux tarps synthétiques ultra-modernes y trouveront clairement leur bonheur...

À l'achat, veillez à prendre une plashch palatka issue du déstockage soviétique car elles sont de bonne manufacture (couture, bouton, œillets en métal) contrairement aux pâles copies de piètre qualité (œillets en plastique ou aluminium fragile , couture fragile, bouton cassant;..). On trouve également des plashch palatka en provenance de Pologne, d'Ukraine et Biélorussie, mais ce ne sont que des copies de l'original, en moindre qualité. Une plashch coute entre 10 et 30€ environ selon les revendeurs...





Notes :

(1) plaSHCH : on trouve pas mal d'orthographe au sujet de la plashch palatka. Pour commencer, en russe tout se prononce. Ensuite, à la traduction littérale du cyrillique, on a "Shch(a)" pour la lettre щ . l'écriture correcte de la tente-manteau est donc plashch et non platsch, plach, plasch ou ne je sais quoi encore comme on peut en trouver sur le web et dans bien des ouvrages. On peut en français indifféremment dire la ou le plashch palatka, mais le terme est féminin en Russe.

(2) : les dimensions varient. L'ancien standard était de 1m70X1m70. Il existe un plus grand modèle sortie dans les années 1980 et un petit modèle cheap des années 1990 juste avant le burn out du soviétisme...

(3) : Devant la polyvalence et la rusticité du matériel cosaque, de nombreux éléments au cours de l'histoire ont été adopté ou adapté pour l'armée impériale russe puis bolchévique. Citons le sabre shashka par exemple la cavalerie russe puis soviétique ou le kit à briquet à percussion d'abord en usage chez les cosaques de Transbaïkalie puis pour les soldats russes de cette région...

(4) : Tabor : mort turco-mongol signifiant à l'origine charriot, puis caravane (sous entendu caravane de charriots tirés par des chevaux, des chameaux ou des bœufs par exemple). Par la suite, ce terme usité chez les cosaques devint le nom d'un technique de défense à l'image du corral du far-ouest américain. Tabor désigne également le camp de tente en cosaquerie par extension, notamment la tente un mât. Il existe encore bien d'autres termes pour désigner la tente trad en fonction des lieux et ethnies...

samedi 17 septembre 2011

Les "3 trésors" ou les 3 types d'arbres à connaitre en forêt boréale pour survivre

 ARTICLE DE L'ANCIEN BLOG en date du 17 septembre 2011
 
Les "3 trésors", ou les 3 types d'arbres à connaitre en forêt

On dit chez moi dans la tradition bashkir qu'il y a 3 arbres (ou plutôt 3 groupements d'arbres) qu'il faut connaitre pour savoir et surtout pouvoir survivre en forêt boréale:

-les conifères (on cite volontiers les pins et mélèzes)
-le bouleau (on préfèrera le bouleau à papier)
-le saule (tout type de saule...)

On les appelle les "3 trésors" selon la tradition bashkir (je rappelle que je suis d'origine cosaque, des bashkirs cosaquisés) parce que connaitre ces arbres vous assure d'avoir suffisamment de ressources pour survivre en forêt: alimentation, pharmacopée, construction, feu...


Les conifères

Servant de bois de chauffe et de construction, ils ont de multiples utilités:

-utilisation pour le feu par friction ( peu pratiqué en réalité par chez moi, dans l'Oural. On lui préfère la percussion)

-utilisation en alimentation: les racines à commencer, même valeur nutritionnel que le céleri (glucides notamment), le cambium (la partie vivante sous l'écorce) servait à mélanger avec de la farine classique,et les pignons (bien que petits...) apportent aussi une source alimentaire non négligeable (environ 680Kcal au 100gr, qui dit mieux?)! Enfin, les bourgeons et la sèves servaient à faire des "douceurs" et les aiguilles peuvent être utilisées pour faire une infusion et en extraire ainsi la vitamine C (pas d'ébullition, la vitamine C ne supporte pas les fortes températures!)

-utilisation en pharmacopée: les tanins des écorces en décoction pour lutter contre les diarrhées, les aiguilles en infusion pour lutter contre les infections de la gorge et le scorbuts, la sève pour désinfecter et cicatriser les petites plaies.

-utilisation diverses: parfois, les écorces étaient utilisées pour tanner des peaux. Le procéder de fumage lui était cependant largement préféré. Les jeunes branches souples servaient parfois à faire des cadres pour tendre les peaux, ou les rameaux à fabriquer des balais. On faisait également de la colle mastique avec la sève, en mélangeant charbon/sève/graisse.


Le bouleau

Servant de bois de chauffe et de construction également, il a de multiples utilisations:

-utilisation pour le feu: son plus grand trésor! Son écorce saturé en huile, est un bon combustible pour le feu, même humide. Son papier très fin est un excellent initiateur!

-utilisation en alimentation: On récolte sa légendaire "eau de bouleau" à la fonte des neiges lors des premières montées de sève. Diurétique à forte dose, mais très sucrée, on lui porte des propriétés nettoyantes de l'organisme. Les jeunes feuilles se consomment également, à petites doses car diurétiques également. Le cambium était utilisé en situation de famille pour faire de la farine.

-utilisation en pharmacopée: La pélicule de la mue de bouleau (le papier très fin) est utilisée pour faire des pansements (combinés à la sève antiseptique d'un conifère par exemple). L'eau de bouleau est utilisée après une indigestion pour éliminer le "mauvais". La cendre de bouleau est utilisée chez nous pour faire du savon et laver le linge.

-utilisation diverses: les écorces étaient utilisées fabriquer des canots, des boites, de la colle et j'en passe!


Le saule

Présent partout où il y a de l'eau, il figure parmi les arbres à connaitre également, 3eme compère des 3 trésors ouraliens:

-utilisation pour l'eau: là où il pousse, de l'eau tu trouveras...

-utilisation en alimentation: Le cambium était utilisé en situation de famine pour faire de la farine.

-utilisation en pharmacopée: Possédant les mêmes propriétés que l'aspirine, on utilisait les feuilles pour faire baisser la fièvre en infusion, pour lutter contre la douleur. Un ancien bashkir m'avait expliqué qu'il mâchait deux à trois feuilles en même temps pour avoir de la mousse en bouche, et calmer ainsi ses maux de dents! Il recrachait les restes de feuilles ensuite. (Attention: fluidifiant du sang, à ne pas utiliser en cas d’hémorragie). On utilisait aussi l'écorce à cet effet, en décoction.

-utilisation diverses: On fabrique tout un tas de truc avec le saule, grâce à sa flexibilité (vannerie, nasses, canne à pêche, déclencheur, raquette de survie aussi parfois..). Ses écorces sont parfois utilisées pour faire du cordage. Les feules "argentées" sont utilisées pour confectionner des leurres pour la pêche.


Voilà, je vous ai fait un topo sur ces 3 trésors, entrainez vous à les reconnaitre et à vous en servir!Sait on jamais, pourraient ils vous aider à préserver votre trésor le plus précieux: Votre vie! 

Amical partage, John C

jeudi 1 septembre 2011

Abri de survie : le nid d'aigle

ARTICLE DE L'ANCIEN BLOG en date du 01 septembre 2011 - EDIT décembre 2013

Dans la série des abris de fortune utilisés dans la culture cosaque "vie sauvage", je vous présente aujourd'hui le nid d'aigle

 Nid d'aigle cosaque sur la ligne du Caucase en 1915


Il se compose de 3 éléments :

-un tas de branchages posés en vrac(le seul élément indispensable!)
-une peau de mouton (en tapis de sol)
-une cape ou couverture en laine (pour se couvrir la nuit ou se protéger de la pluie)

Temps de construction : 15min environ pour 1 personne

Avantages : Rapide à construire sans matériel. Côtés ouverts et en hauteur pour la surveillance. Peut être très discret en milieu forestier. Permet d'avoir les pieds au sec dans les zones humides.

Inconvénients : Coté et toit ouverts. Ne retient pas la chaleur.

Il s'agit d'une paillasse (ou plateforme) posée entre les arbres afin d'avoir les pieds au sec. Originellement, il est utilisé dans les zones humides nommées "champs sauvages autrefois par les cosaques, c'est à dire les marais des rivières et fleuves du Sud de l'actuelle Russie. Par la suite, il fut utilisé comme poste d'affût et tour de garde de fortune. Les anciens disent d'après la tradition orale que cet abri trouve son origine dans les laissés en bois flottés des crues, d'autres disent que l'idée de faire un tel abri est venue de l'observation des grands oiseaux de cette région, notamment les aigles...


Le nid d'aigle est très simple à construire : ensemble de branchages entrelacés et déposés en force entre les arbres ou leurs branches. On commence par un ensemble en "étoile" de gros branchages, pour aller progressivement vers du bois de plus en plus petits. Le tout se tassant, fait office de paillasse. On peut y mettre des feuillages et herbages à convenance.

L'idéal est de le mettre en hauteur. Plus il sera haut, plus il sera discret sous la canopée. Et meilleure sera la vue!

Le nid étant épais, peu de convection par dessous. L'ensemble de branchages emprisonne de l'air...

L'oiseau est dans le nid! Pour une meilleure isolation et protection contre les éléments, il est possible de monter un toit avec une bâche ou autre, mais on perd un peu de la visibilité et la discrétion. Traditionnellement, le cosaque usait de son tapis de selle (feutre, peau de mouton) pour s'asseoir, d'une couverture en laine pour se couvrir et/ou de la cape cosaque pour s'abriter de la pluie!