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mercredi 28 septembre 2011

Abri de survie : la cape cosaque


ARTICLE DE L'ANCIEN BLOG en date du 28 septembre 2011

Dans la série des abris de fortune utilisés dans la culture cosaque "vie sauvage", je vous présente aujourd'hui un matériel qui ne date pas d'hier, et qui n'est certes pas "ultra light", mais d'une grande rusticité et polyvalence : Le ou la(1) plashch palatka.

Campement "à l'ancienne", sous plashch palatka avec matos "trad"
Plashch palatka signifie en russe "tente-manteau".

плащ (plashch) : Manteau
палатка (palatka) : Tente 

La plashch palatka est un poncho de grande dimension (2m80 à la base pour 1m70 de hauteur environ(2)), fait de coton canevas imprégné (parfois de polycoton) et équipé d'1, 2, 3 ou 5 œillets en métal, de fermoirs avec des boutons, et d'un lacet de fermeture de capuche. Le tout pèse environ 1,3KG. Sa couleur est généralement kaki ou olive. Il en existe dans d'autres coloris...
 
 Ce sont les soviétiques qui la rendirent populaires en équipant leur armée de ce poncho pour tous ses soldats de l'union soviétique (Pologne, pays baltes, Russie, Biélorussie, Tchécoslovaquie...) et qui fut un véritable outil polyvalent de survie, notamment pour tous ceux qui combattirent sur le front durant la Grande Guerre et ses rudes hivers...Abandonnés fin des années 80 pour être remplacée par sa concurrente, la plashch de forme carré, qui cohabitait avec la triangulaire depuis une cinquantaine d'année...

Plashch palatka en configuration poncho, la capuche poussée en arrière. Cette cape isole bien de la pluie qui ne traverse pas du tout même sous une pluie battante et dans la durée, ce qui est pratique, notamment à cheval.
Le montage en tente nécessite 4 éléments :

-la Plashch palatka elle même,
-un bâton (ou le sabre anciennement!) d'environ 1m à 1m20
-une cordelette d'1m
-des piquets en aluminium (au moins 5, bien que ceux ci peuvent aisément se fabriquer sur le terrain!)

Temps de montage : 3min environ pour 1 personne habitué. 5 à 6min pour les moins rapides!

Avantages : Rapide à monter. Côtés ouverts pour la surveillance. Rapide à démonter. Peut être très discret en milieu forestier. multi-usage (tente, poncho, sac...), très résistant, pas cher.

Inconvénients : Ses seuls défauts à mes yeux sont ceux de ses qualités : puisque résistante, un peu lourde (1,3KG en moyenne), elle met également du temps à sécher après les fortes pluies (bien qu'on en sente pas trop les effets en dessous).

Montage en images de la plashch palatka


Mon "ensemble" roulé que je porte en bandoulière : Ici un petit tapis, une peau de mouton, la plashch palatka.
On fixe son bâton dans le sol (bâton de marche, morceau de bois trouvé ça et là...de la hauteur d'environ 1m à 1m20). On pose ensuite le petit capuchon de la plashch sur le bâton pour la faire tenir..
Puis on fait le tour pour mettre des piquets (sardines alu, titane, improvisées en bois...au choix!).

On vient tendre une cordelette du bâton au sol devant la plashch pour avoir une demi-tente sous tension et ainsi gagner en volume! On pensera avant à bien fermer les boutons des passages des bras pour éviter l'eau de s'infiltrer s'il pleut...

Une fois le montage fini, j'ai pour habitude de monter un réflecteur pour le feu à 1M de la plashch. La plashch a son tour agit comme réflecteur et me garde bien au chaud!

Rustique? Un mot inventé par les Russes?

Un jour, un ami officier de l'Armée de Terre française me dit en souriant "Mais rustique, c'est un mot russe non?

En effet, bien des matériels développés et fabriqués en Russie correspondent bien à cette dénomination de rusticité, tant ils sont simples d'utilisation, polyvalent et surtout résistants dans le temps et à l'usage. La plashch palatka est en total adéquation avec cet adjectif,de "rustique"! Pourtant, la plashch palatka ne serait pas soviétique...mais peut être bien Cosaque, voir nomade! Son origine est assez incertaine, vous l'aurez compris...Bien que...

L'origine de la plashch palatka : une invention cosaque

Les plus chauvins d'entre nous (je parles des cosaques) prétendent que la plashch palatka est clairement inspirée(3) de la cape nommée burka (long manteau cape de mouton) et du bashlyk (capuchon à manche) que les cosaques caucasiens portent. Aucun élément concret historique ne permet cependant de valider cette hypothèse, d'autant plus que la burka et bashlyk font deux pièces, tandis que la plashch palatka n'en sont qu'une!

Par contre, une telle cape en tant que "tente-manteau" existait déjà dans l'Ost des Cosaques de l'Oural dès le 17ième siècle, comme vous pouvez le voir sur cette gravure du 19ième siècle représentant des Cosaques de l'Orenbourg. On aperçoit clairement la grande cape cavalière dite à l'époque, "cape tatare". Déjà en ces temps, cette même cape cavalière servait de couchage de survie en bivouac, de tente improvisée en camp fixe ou bien encore de poncho contre la pluie ou la neige lors des longues chevauchées...La largeur de la cape permettait entre autre de couvrir le cheval et de protéger le matériel arnaché à la selle. La plashch palatka réglementaire soviétique plus de deux cents ans plus tard tirerait bien son origine de là!


Petite anecdote : Équipé de mon kit feu , ma gourde en métal et d'un kinjal autour de la ceinture, d'une petite peau de mouton, d'un tout petit chaudron en cuivre le tout rentré dans ma plashch palatka roulée et ficelée en configuration "sac en bandoulière", ma papakha sur le tête, j'ai fait une marche éclaireur de 180km en trois jours et demi! Configuration de 6kg250 pour un matériel à tout épreuve qui ont fait leur preuve au cours du temps! Nous avons eu un temps très hétéroclite, à savoir très forte chaleur, puis orages violents et enfin pluies continues sur une journée!

Bivouac façon old school sous plashch palatka. Un confort agréable dans un esprit traditionnel proche de la nature. Le grand air, feu, le ciel au dessus de nos tête, à boire et des amis autour du feu, que demander de plus!

Une grande polyvalence

Quelque soit son origine (...ouralienne, bien évidemment Wink ), il s'avère que la plashch palatka est véritablement un outil de survie polyvalent. Ce vêtement sert aussi bien de sac à dos en bandoulière, de poncho, que demi tente pour le bivouac, de couverture, de sursac (pour protéger son SDC du feu, de la pluie par exemple), et lorsqu'on en a deux, on a la possibilité de les monter en tente à un mât (type tente nordique, à l'image du lavuu nordique, ou la tente du tabor(4)cosaque) pour y abriter deux à trois personnes (en passant, le feu ne se voit pas à l'intérieur en configuration tente à un mât, discrétion garantie!).

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Toujours avec deux plashch palatka, il est possible d'en monter une en demi-tente tandis que l'autre est montée en réflecteur pour le feu!

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A cheval, c'est idéal par mauvais temps car ça couvre une partie de la croupe, de la selle et vos jambes. C'est facile à transporter roulé en fixant la plashch palatka à la selle...

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Et avec un peu d'imagination et de technicité, on transforme rapidement sa plashch palatka en pulka ou en luge improvisée, ou en brancard d'évacuation pour blessé!

Sa résistance est à tout épreuve : traverser un mur de feu, se cacher en dessous à même le sol sous une pluie diluvienne, montée en tente sous un fort vent, passer à travers un champ de ronces...autant d'expériences engagées vécues où ma plashch palatka m'a suivit sans faillir, là où bien des poncho vynil et des tarps ultra light auraient rendu l'âme!

Son rapport poids/solidité/polyvalence/prix assez intéressante pour de l'engagé dans la Nature. Et les amoureux du "old school" et vie en pleine nature qui sont allergiques aux tarps synthétiques ultra-modernes y trouveront clairement leur bonheur...

À l'achat, veillez à prendre une plashch palatka issue du déstockage soviétique car elles sont de bonne manufacture (couture, bouton, œillets en métal) contrairement aux pâles copies de piètre qualité (œillets en plastique ou aluminium fragile , couture fragile, bouton cassant;..). On trouve également des plashch palatka en provenance de Pologne, d'Ukraine et Biélorussie, mais ce ne sont que des copies de l'original, en moindre qualité. Une plashch coute entre 10 et 30€ environ selon les revendeurs...





Notes :

(1) plaSHCH : on trouve pas mal d'orthographe au sujet de la plashch palatka. Pour commencer, en russe tout se prononce. Ensuite, à la traduction littérale du cyrillique, on a "Shch(a)" pour la lettre щ . l'écriture correcte de la tente-manteau est donc plashch et non platsch, plach, plasch ou ne je sais quoi encore comme on peut en trouver sur le web et dans bien des ouvrages. On peut en français indifféremment dire la ou le plashch palatka, mais le terme est féminin en Russe.

(2) : les dimensions varient. L'ancien standard était de 1m70X1m70. Il existe un plus grand modèle sortie dans les années 1980 et un petit modèle cheap des années 1990 juste avant le burn out du soviétisme...

(3) : Devant la polyvalence et la rusticité du matériel cosaque, de nombreux éléments au cours de l'histoire ont été adopté ou adapté pour l'armée impériale russe puis bolchévique. Citons le sabre shashka par exemple la cavalerie russe puis soviétique ou le kit à briquet à percussion d'abord en usage chez les cosaques de Transbaïkalie puis pour les soldats russes de cette région...

(4) : Tabor : mort turco-mongol signifiant à l'origine charriot, puis caravane (sous entendu caravane de charriots tirés par des chevaux, des chameaux ou des bœufs par exemple). Par la suite, ce terme usité chez les cosaques devint le nom d'un technique de défense à l'image du corral du far-ouest américain. Tabor désigne également le camp de tente en cosaquerie par extension, notamment la tente un mât. Il existe encore bien d'autres termes pour désigner la tente trad en fonction des lieux et ethnies...

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